Daito Ryu : de Minamoto Yoshimitsu à Tanomo Saigo

 

© C.E.R.A. 2000. Jean Cavarelli

 

 

L'histoire Japonaise donne Shinra Saburo Minamoto Yoshimitsu (1057-1127) comme créateur des principes de base de la méthode Aiki, appelée alors "Aiki-in-yo-ho".

 

Minamoto Yoshimitsu, général célèbre, était un des descendants (5ème génération) de l'empereur Fujiwara Seiwa (859-876, dynastie Minamoto).

 

Expert dans l'art de la guerre, Minamoto Yoshimitsu avait été formé aux techniques guerrières par une tradition familiale construite sur plusieurs générations.

 

 

La formation incluait des techniques d'armes ("kenjustsu", "sojutsu", "kyujutsu"

 par exemple) et des techniques à mains nues. La technique manuelle, connue

 sous le nom de Tegoi serait l'ancêtre du "sumo" actuel et se serait transmis de

 génération en génération, au sein de la famille Seiwa. L'enseignement familial

 comprenait aussi d'autres aspects liés à la guerre comme la construction des

 châteaux forts et la tactique militaire.

 

Minamoto Yoshimitsu était connu pour sa férocité au combat et surtout par le

grand intérêt qu'il avait porté à l'anatomie humaine en étudiant sur le corps des

hommes tués au combat l'effet des coupes, des frappes et des clés articulaires

afin de tester la structure des articulations, la structure osseuse, la résistance

des ligaments, la structure musculaire. Ces expériences lui ont permis d'élaborer les principes de base de sa technique manuelle et d'effectuer sa propre synthèse qui déjà comprenait une association de techniques manuelles et le travail des armes.

Minamoto Yoshimitsu s'installa plus tard dans le village de Takeda (province de

Kai) et le clan adopta alors le nom de Kai genji Takeda. Les Takeda se

transmirent héréditairement les enseignements de Minamoto Yoshimitsu qu'ils

enrichirent et perfectionnèrent sans cesse sous la forme de techniques secrètes nommées "Takeda No Heiho". 

 

La lignée Takeda resta à la tête de ce Han jusqu'à la mort du plus célèbre de ses descendants Takeda Harunobu, plus connu sous le nom de Takeda Shingen (1521-1573), un des plus grands stratèges de cette époque. Sa mort correspond pour les historiens à la fin de l'époque Muromachi (environ de 1392 à 1573) et marque la fin du clan de shoguns Ashikaga et le début de la domination d'un

nouveau clan de shoguns, les Tokugawa. L'épisode clé de cette période de transition dans l'histoire du Japon correspond à la bataille de Nagashino no Kassen (1575), qui est racontée dans le film célèbre de Akira Kurosawa, "Kagemusha", où les cavaliers du clan Takeda sont décimés par les armées conjointes de Oda Nobunaga et Yeiyasu Tokugawa. L'invasion de la province de Kai et la défaite complète du clan Takeda est marquée par le suicide rituel du damyio Takeda Katsuyori (1534-1582). 

 

Toutefois, le neveu de Takeda Shingen, Kunitsugu Takeda se réfugia dans la vallée d'Aizu, où le daymio Moriuji Ashima, resté fidèle à Takeda Shingen et aux Ashikaga, lui offrit des terres et un château. Les techniques guerrières familiales continuèrent à se transmettre et s'étendirent aux dignitaires importants du clan Aizu en remerciement de leur aide. Cette branche de la famille Takeda est connue sous le nom de clan Aizu-Takeda pour la différencier du clan Kai-Takeda. 

 

Des documents semblent indiquer un grand développement à la fin du XVIIe siècle du dojo de la famille Takeda, le Nishinkan, avec un enseignement donné d'une part aux seuls guerriers du clan Aizu et un autre réservé et transmis très secrètement uniquement aux très hauts dignitaires de ce clan. Cet "Art de défense de la cour", traduction littérale de "Oshiki-Uchi", nom donné à ce qui était connu auparavant comme "Aiki-in-yo-ho", correspond à ce qui sera appelé ultérieurement "Daito-ryu Aikijujustu". Les membres de la cour travaillaient aussi l'art du sabre de l'école "Ono Ha Itto Ryu". Par la suite, le Han fût placé sous l'autorité du 4ème fils du 2ème Shogun HidetadaTokugawa dont la mère était de la famille Saigo, et l'enseignement des techniques martiales des Daimyo d'Aizu, le "Oshiki- Uchi", devint alors la propriété de la famille Saigo, principal vassal du Han d'Aizu. 

 

A la fin du XIXe siècle, Saigo Tanomo Chikamasa (1820-1905), le dernier des descendants de la famille

 Saigo, dont tous les enfants moururent durant les conflits guerriers, prit en charge Shida Shiro, un jeune garçon âgé de 19 ans originaire d'Aizu et lui enseigna le "Oshiki-Uchi". Après trois ans d'entraînement intense, il partit pour Tokyo.Shida Shiro pratiqua alors le judo de Jigoro Kano et devint même ensuite son assistant. Il épousa la fille de Saigo Tanomo Chikamasa et devint ainsi son fils adoptif. Tiraillé entre ses obligations envers sonpère adoptif qui l'avait formé et Jigoro Kano qui lui proposait la direction du Kodokan, il quitta Tokyo pour Nagasaki en 1891 et abandonna l'"Oshiki-Uchi" et le Judo. A la recherche d'un successeur, Saigo

 Tanomo Chikamasa choisit alors Takeda Sokaku, personne qu'il l'avait fortement impressionné et qu'ilavait alors engagé comme garde du corps.